Commentaire
C’est le tableau qui « fait le nœud principal de tout » (Nivelon). Charles Le Brun l’imagina en premier, lorsque le projet initial, mettant en scène Hercule, fut refusé. Sur l’injonction du roi, Le Brun renonça à la métaphore : il mit en scène Louis XIV en personne sans pour autant renoncer à la richesse de la composition, mêlant allégories et dieux de la Fable. Le roi est au centre, assis sur son trône, le timon de l’État dans la main droite. Auprès de lui, les trois Grâces symbolisent les dons que le Ciel lui a accordés. Le visage du roi se reflète dans le bouclier de Minerve : Le Brun a ainsi habilement associé le symbole de la Prudence (le miroir) à la déesse tutélaire de cette vertu, Minerve, qui représente plus généralement la Sagesse royale. Celle-ci montre au roi la Gloire, qui est assise sur un nuage et qui tend vers le roi la couronne d’immortalité : un cercle d’or surmonté d’étoiles. La Gloire est aussi désignée par Mars, le dieu de la Guerre, entendu ici comme la Valeur royale, démontrant que la Gloire susceptible d’être obtenue par le roi « ne peut être le prix que de sa sagesse [symbolisée par Minerve], et de son courage [figuré par Mars] » (Rainssant). Tout autour du trône, au premier plan, des Amours figurent les Génies des divertissements : ils écrivent, jouent de la musique, jouent aux cartes, aux dames, s’amusent avec des masques de théâtre ; ces Génies symbolisent les plaisirs auxquels s’adonnait le roi lorsqu’il décida de prendre en main les rênes de l’État. Le mariage du roi avec Marie-Thérèse est évoqué par l’Hymen portant un flambeau allumé et tenant une corne d’abondance. En bas à gauche, la France assise se repose, tenant négligemment de la main droite un rameau d’olivier, symbole de paix, et appuyée sur un faisceau signifiant la justice qui règne dans le royaume.
Inscriptions
Inscription latine de Paul Tallemant
(transcription et traduction de P. Laurens et F. Vuilleumier Laurens)
INTER PACIS / ET FORTUNÆ / FLORENTIS / ILLECEBRAS
(au milieu des séductions de la paix et de la fortune florissante)
GLORIÆ / AMORE / INCENDITVR
(il est enflammé par l’amour de la gloire)
Inscription de François Charpentier (d’après le Mercure galant, janvier 1685)
Louis le Grand dans la fleur de la jeunesse, prend en main le timon de l’Etat, et renonçant au repos et aux plaisirs, se donne tout entier à l’amour de la véritable gloire.
Inscription de Boileau et Racine (d’après Rainssant 1687)
Le Roy prend lui-même la conduite de ses Etats, et se donne tout entier aux affaires. 1661.
Inscription datant du XVIIIe siècle (correspondant à l’inscription actuelle)
LE ROY / GOVVERNE / PAR LVI MÊME. / 1661
Auteur : Nicolas Milovanovic
© Coproduction RMN – EPV, 2008