La galerie des Glaces | Le Roi gouverne par lui-même, 1661
Description
Les Grâces (Charites en grec) sont les déesses de la Beauté. Ce sont trois sœurs appelées Aglaé (la Brillante), Euphrosyne (la Sereine) et Thalie (la Florissante). Elles sont figurées comme trois jeunes femmes nues enlacées, l’une de dos et les deux autres de face. Cette représentation permet bien sûr de mettre en valeur leurs charmes, mais elle a aussi une signification. Pausanias, puis Sénèque expliquent que les Grâces sont une allégorie des Bienfaits : celle qui est de dos symbolise les bienfaits donnés, et celles qui sont de face les bienfaits rendus (car il faut rendre au double les bienfaits reçus). Diodore de Sicile précise qu’elles donnaient aux humains la beauté du visage et du corps. Pour les artistes, le modèle était le groupe antique placé dans la bibliothèque Piccolomini de la cathédrale de Sienne : la présentation est frontale, la Grâce du milieu est vue de dos, les deux autres de face. Raphaël (Chantilly, musée Condé) puis Corrège (Parme, Camera di San Paolo) ont été fidèles à ce type. Raphaël a placé dans la main de chacune des Grâces une boule, attribut de Vénus, qui symbolise le monde sur lequel règne souverainement la déesse. Botticelli a rompu la frontalité du type antique, animant le groupe qui esquisse une danse, les doigts entrelacés (Le Printemps, Florence, musée des Offices). Rubens, qui a traité quatre fois le sujet, a varié les attitudes en préservant toujours le principe : une Grâce de dos, les deux autres de face (ou de profil). Sensible aux « beautés particulières » de la nature, Rubens a aussi varié la couleur de leur chevelure : dans le tableau du Prado, l’une des Grâces est blonde, l’autre châtain et la troisième est rousse. Charles Le Brun a suivi Rubens en animant les Grâces et les différenciant nettement par leurs attitudes : la première Grâce est de face, la seconde de dos et la troisième de profil. Celle peinte de face regarde un Amour portant une corbeille de fleurs ; elle lui montre du doigt Louis XIV comme la personne à qui il faut qu’il s’attache. La troisième Grâce, peinte de profil, tend une couronne de fleurs au-dessus du roi. Les Grâces sont peintes juste derrière le roi pour signifier les beautés, aussi bien physiques que morales, que le ciel a généreusement accordées à Louis XIV : « les trois Grâces qui le couronnent représentent les vertus que l’on voit briller dans toute sa personne » (Mercure galant décembre 1684). La restauration de 2004-2007 a révélé un état d’usure très important des deux Grâces les plus éloignées, qui sont partiellement plongées dans l’ombre.
Bibliographie
Index
Allégories : Amour | Bienfaits
Gestes : Désignation : main | Position : de profil | Position : de dos | Relation : geste (Louis XIV) | Relation : regard (Louis XIV) | Relation : regard (Amour) | Relation : symétrie (Hymen)
Symboles : Corbeille de fleurs | Couronne de fleurs | Fleur
Personnages mythologiques : Grâces
Auteur : Nicolas Milovanovic
© Coproduction RMN – EPV, 2008
Zoom navigable
Botticelli,
Le Printemps,
Florence, musée
des Offices.
Zoom navigable
Raphaël,
Les Trois Grâces,
Chantilly, musée Condé.