/ p. 148 / Une grande galerie et deux salons magnifiques occupent ensemble aujourd’hui, dans toute l’étendue de la face occidentale du château neuf, la place des trois pièces qu’on a retranchées du grand appartement du roi dont nous venons de parler, la place de la terrasse pavée de marbre, et celle de trois pièces qui ont été retranchées de l’appartement de la reine.
La grande galerie et les deux salons
Le salon le plus proche de l’appartement du roi est appelé le salon de la Guerre. Il a trente-trois pieds de chaque côté. La galerie, sur une largeur pareille, contient plus de deux cent vingt pieds de longueur jusqu’à l’autre salon vers le midi, proche de l’appartement de la reine. On nomme celui-ci le salon de la / p. 149 / Paix. Il n’est pas moins grand que le premier. Ils ont chacun trois fenêtres à l’occident et trois en face de l’ouverture d’une grande arcade qui leur sert d’entrée à chaque extrémité de la galerie.
Dans le salon de la Guerre, entre la porte de l’appartement que nous avons décrit et une porte feinte remplie de glaces de miroir qui fait symétrie avec la véritable, on a représenté le roi à cheval par un bas-relief ovale, bordé de marbre, et de douze pieds de hauteur, élevé au-dessus du chambranle d’une cheminée feinte. Deux captifs liés de festons de fleurs aux côtés de l’ovale sont assis au haut du chambranle. Et il y a une couronne royale et deux Renommées qui tiennent des trompettes de part et d’autre au-dessus de la bordure. Un bas-relief particulier placé au bas dans l’ouverture feinte de la cheminée représente une femme assise qui écrit l’histoire du roi, et qui est accompagnée de divers génies exprimés par des enfants ailés, et tous ces ornements de sculpture sont dorés, ainsi que plusieurs trophées d’armes, / p. 150 / des masques, des festons et d’autres ouvrages semblables faits les uns de stuc dans l’entablement et dans le plafond, et les autres de bronze entre les fenêtres, au haut des portes qu’on vient d’observer, et des deux portes feintes remplies de glaces de miroir aux côtés de l’arcade qui sert pour entrer dans la galerie.
Quatre grands guéridons soutiennent chacun dans les encoignures du même salon une girandole de cristal de roche. Six bustes sont élevés sur des escabellons contre les trumeaux des fenêtres et proches de l’entrée de la galerie. Les têtes de ces bustes sont de porphyre et les draperies de bronze doré ; et trois vases dont deux sont de porphyre, et le plus grand de marbre gris artistement travaillé, se trouvent posés sur des socles du côté de l’appartement.
Le salon de la Paix est meublé et décoré à peu près de la même manière : mais y a-t-il quelque endroit où la magnificence des ornements paraisse avec autant d’éclat que dans la galerie ? Elle est toute parquetée de menuiserie et lambrissée de marbre de même que les salons.
/ p. 151 / Quatre colonnes placées au-dedans de la galerie devant un pareil nombre de pilastres embellissent ses entrées, et sont accompagnées dans les mêmes faces de huit autres pilastres séparés par des piédestaux où l’on a élevé quatre statues antiques de marbre blanc. Le Bacchus du Louvre et la Vénus envoyée de la ville d’Arles sont vers le septentrion proche le salon de la Guerre. Et au bout opposé proche le salon de la Paix, il y a des figures de femmes couvertes de vêtements ; l’une est couronnée d’étoiles, et l’autre auprès de laquelle est un autel allumé représente une vestale.
À l’égard des deux grandes faces de la même galerie, quarante-huit pilastres semblables aux précédents, c’est-à-dire tous de marbre, enrichis de bases et de chapiteaux de bronze doré, sont disposés avec beaucoup de symétrie, dans les intervalles de trente-quatre arcades d’égale grandeur qui se répondent les unes aux autres. Les arcades du côté de l’occident sont autant d’ouvertures de fenêtres. Et toutes les arcades opposées sont remplies de glaces de miroir, qui font paraître la galerie / p. 152 / double et comme percée de toutes parts. À chaque côté de la galerie, l’arcade la plus proche de chacune des extrémités est séparée des autres par un intervalle, où sur un escabellon de marbre dressé entre deux pilastres on voit un buste antique dont la tête est de porphyre et le reste d’agate. De pareils intervalles se trouvent ainsi ornés au-delà de trois des arcades suivantes ; et deux intervalles plus larges qui divisent les neuf arcades du milieu de chaque face de la galerie, ont dans de grandes niches des statues antiques de marbre blanc des plus estimées ; l’une qu’on appelle la Diane d’Éphèse est placée à l’orient avec une autre statue antique de femme très bien conservée, apportée de Tripoli il y a peu d’années, et qui représente la pudicité. L’on voit vis-à-vis à l’occident la statue qu’on nomme le Germanicus, et une Vénus qu’on peut comparer à la Vénus de Médicis.
Seize grands guéridons servent à porter des girandoles de cristal de roche aux côtés de ces statues et des quatre autres qu’on a remarquées aux deux bouts de la galerie. Il y a douze tables d’agate et d’albâtre / p. 153 / portées par des pieds dorés et enrichis de sculpture au-devant des niches et des huit autres intervalles des grandes faces. Et environ soixante vases de porphyre et d’albâtre oriental de différentes figures et de grandeurs extraordinaires se trouvent rangés avec encore quantité de girandoles de cristal, les uns sur les tables, d’autre dessous, et le reste sur des socles proche les pilastres et au-devant des arcades remplies de glaces de miroir, excepté de celles où l’on a pratiqué des portes : car plusieurs de ces arcades servent à passer dans le premier petit appartement du roi. Entre autres les trois du milieu qui s’ouvrent de toute leur hauteur pour entrer dans le salon principal de ce même appartement.
Il est vrai qu’à la place de la plupart des meubles que nous venons de rapporter, la galerie, ses deux salons et le grand appartement du roi étaient remplis autrefois d’une infinité d’ouvrages d’orfèvrerie qu’on n’y trouve plus aujourd’hui, car sans parler d’un grand nombre de figures et de statues d’argent, combien y avait-il / p. 154 / de caisses d’orangers, de bassins et de corbeilles d’argent, de brancards, de tables, de bancs de dix à douze pieds de longueur, d’autres sièges ou tabourets ? Combien de balustres, d’escabellons, de torchères, de guéridons, de cassolettes, de girandoles, de cuvettes, de seaux, de buires, de brasiers, de chandeliers ? Et des candélabres d’un tel poids que tout suspendus qu’ils étaient, il y en avait que les hommes les plus robustes ne pouvaient faire mouvoir avec toute l’activité et la pesanteur de leur corps. Dans ces ouvrages l’excellence du travail surpassait même la matière. Cependant à considérer le seul prix de l’argent qui montait à la valeur de plusieurs millions d’or, on pouvait dire qu’il n’y avait point ailleurs de richesse semblable.
La magnificence du roi et sa sage prévoyance avaient formé ce trésor dans l’abondance d’une paix qui comblait ses sujets de toutes sortes de biens. Durant la dernière guerre, Sa Majesté a répandu libéralement dans le sein de l’État un amas si précieux de richesses ; exemple que la / p. 155 / postérité proposera quelque jour aux princes qui s’efforceront d’imiter la conduite et les vertus héroïques du roi.
Quoique tant d’ouvrages d’orfèvrerie fussent admirés, cependant aujourd’hui que quantité d’excellents ouvriers pourraient aisément en refaire de semblables, et peut-être encore de plus merveilleux, tout ce qu’on voit d’agate, d’albâtre, de serpentin, de porphyre et de cristal de roche dans la galerie, dans ses salons et dans les appartements, semble d’un prix beaucoup plus considérable, soit qu’on ait égard à la rareté de ces pierres orientales, soit que par leur dureté extraordinaire on juge de la difficulté qu’il y a eu à former tous les vases et tous les excellents bustes de porphyre qui ont été remarqués.
Mais qu’on ne regarde si l’on veut dans la galerie que ce qui la rend recommandable par elle-même ; je veux dire son architecture magnifique, ses lambris de marbre, le bronze, l’or et la sculpture de divers ouvrages dont nous n’avons point encore parlé, car outre les chapi- / p. 156 / teaux des colonnes et des pilastres ornés de palmes, de couronnes et de têtes d’Apollon, outre une infinité de grandes roses de bronze doré qu’on voit sous les cintres des arcades, il y a sur les clefs de leurs bandeaux aux unes des dépouilles de lion disposées en manière de festons, et aux autres des têtes d’Apollon couronnées de laurier avec des guirlandes de fleurs et de fruits.
Des armes et des trophées en bas-relief aussi de bronze doré sont appliqués devant les lambris au haut des intervalles de pilastres qu’occupent les bustes et les statues antiques.
L’entablement dont l’ordre d’architecture est couronné se trouve encore enrichi de sculptures dorées qui représentent des chiffres et des devises du roi, des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, des couronnes royales et divers symboles particuliers à la France. Vingt-quatre trophées d’armes sont rangés le long des grandes faces de la galerie sur la corniche de l’entablement : et c’est de là que la voûte éclairée par-derrière les tro- / p. 157 / phées s’élève en forme de berceau.
Peintures de la galerie
Il y a sept grands tableaux environnés de bordures dorées. Celui du milieu terminé par deux demi-cercles occupe toute l’étendue du cintre de la voûte sur une largeur d’environ vingt pieds ; aussi le peintre Le Brun s’en est servi pour y renfermer deux différents sujets qu’il a trouvé l’art d’unir d’une manière très ingénieuse.
Au-dessus des trois portes du salon du petit appartement, dans la partie orientale du tableau, on voit l’image auguste de la personne du roi. Ce monarque représenté comme à la fleur de sa jeunesse paraît sur son trône sous un riche pavillon. Il est vêtu d’un habit à la romaine couvert d’un manteau royal, et tient en main un gouvernail pour marquer la conduite qu’il prend déjà lui-même de ses états.
La France et la Tranquillité semblent assises du même côté. La première foule à ses pieds la Discorde. La seconde soutient sa tête d’un bras et montre de l’autre main une grenade qui est le symbole de l’union des peuples. L’Hyménée éclaire / p. 158 / la France avec son flambeau. Une femme à demi couchée s’appuie sur une urne, d’où il sort de l’eau avec des fleurs et des fruits pour désigner la fertilité des bords de la rivière de Seine dont la ville capitale de ce royaume est arrosée. Parmi quantité d’autres figures qui environnent le trône du roi, on voit les trois Grâces debout à l’un de ses côtés et plusieurs enfants au bas du marchepied. Ceux-ci expriment en différentes manières les jeux, les ris, la danse, la musique, la chasse, les carrousels : en un mot, toutes les fêtes et tous les divertissements dont la cour était occupée, dans le temps du mariage du roi que la figure de l’Hyménée sert à désigner.
Sa Majesté, quoiqu’au milieu de tant de plaisirs, ne paraît attentive qu’aux conseils de Mars et de Minerve qui sont ici les images de sa prudence et sa valeur. Tous deux lui montrent une couronne d’or enrichie d’étoiles que la Gloire fait briller du haut du ciel. Le monarque tout transporté et animé de l’ardeur d’un jeune héros aspire à cette couronne avec assurance de la pos- / p. 159 / séder bientôt. Car voilà en peu de paroles ce que le peintre s’est efforcé d’exprimer d’une façon allégorique par les figures de Jupiter, de Junon, de Neptune, de Pluton, d’Hercule, de Cérès, de Vulcain et de Diane qu’on voit dans le ciel du tableau, et qui semblent offrir leur secours au jeune prince. Le temps même représenté par Saturne qui lève un côté du pavillon dont le trône du roi est couvert paraît surpris de joie et d’étonnement à l’aspect de ce héros. Le Soleil sur son char hâte sa course pour éclairer les jours glorieux qui lui sont marqués par le temps ; et Mercure semble voler avec la même vitesse pour annoncer de si beaux jours à toute la terre.
Quant à la partie occidentale du tableau, on y voit trois figures de femmes superbement parées ; l’une est l’Allemagne portée par un nuage. Une couronne impériale environne son front et l’aigle romaine se tient auprès d’elle. Des deux autres femmes celle du côté droit représente l’Espagne. Elle s’appuie sur un lion qui dévore un roi des Indes étendu sur des trésors. L’Ambition, ex- / p. 160 / primée par une figure qui paraît exécuter ses ordres, met le feu à des palais et arrache la couronne d’un prince qu’elle a terrassé. Pour la dernière femme assise à main gauche de l’Allemagne, un lion peint avec sept flèches, à côté d’elle, fait connaître que c’est la Hollande. Elle tient à la main un trident et une longue chaîne où Thétis est liée. Auprès de là, comme au long d’un grand rivage sont quantité de vaisseaux. On décharge les uns, l’on équipe les autres. Et toutes ces choses marquent combien cette république avait acquis d’empire sur la mer. L’audace et la présomption semblent imprimées dans les traits de son visage, en même temps que l’ambition démesurée de la maison d’Autriche se fait connaître par les regards et par la fière contenance des figures qui représentent l’Allemagne et l’Espagne.
Dans le milieu du tableau, une grande étendue de ciel sépare au haut de la voûte de la galerie les deux sujets particuliers qu’on vient de décrire. C’est là que Mercure est peint seul avec son caducée à la main, / p. 161 / comme s’il voulait faire savoir la résolution que le roi prend en un âge fort jeune de gouverner lui-même ses États, nonobstant ce qui paraît de l’autre côté s’opposer aux desseins de ce grand monarque. Et voilà de quelle manière le peintre a su unir deux sujets si différents. Leur explication est marquée au bas de chacun dans des cartouches dorés posés sur la corniche du grand entablement. L’inscription du premier sujet contient les paroles suivantes :
LE ROI PREND LUI-MÊME LA CONDUITE DE SES ÉTATS, ET SE DONNE TOUT ENTIER AUX AFFAIRES. 1661.
Et l’inscription de l’autre sujet est conçue en ces termes :
L’ANCIEN ORGUEIL DES PUISSANCES VOISINES DE LA FRANCE.
Il serait trop long de décrire les autres grands tableaux, et deux / p. 162 / sujets non moins considérables qui occupent dans les faces des deux bouts de la galerie les demi-cercles formés au-dessus de l’entablement par le berceau de la voûte. Il est à propos seulement de faire connaître ici de quelle manière toutes ces compositions de peinture avec dix-huit petits tableaux et divers autres ornements peints ou dorés décorent ensemble toute l’étendue de la longueur de ce berceau.
Le peintre a feint plusieurs arcades enrichies d’or. On n’aperçoit qu’une partie de leur ouverture. Le reste est caché par des tapisseries que des victoires et des satyres soutiennent vers le salon de la Guerre, ou par des trophées que des enfants ailés ornent de guirlandes de fleurs vers le salon de la Paix, tandis que du même côté des satyres accompagnent encore des victoires dont les unes déploient divers étendards remportés sur les ennemis de la France, et les autres écrivent sur le bronze les conquêtes du roi.
On voit aussi dans l’architecture feinte douze avant-corps. Des termes de bronze y soutiennent des frontons / p. 163 / brisés, et répondent aux pilastres d’en bas. Une ovale et un cartouche joints ensemble se trouvent au milieu de chaque avant-corps. Des sujets particuliers de l’histoire du roi peints de couleurs naturelles remplissent les ovales. Et les inscriptions qui servent à les expliquer sont dans les cartouches. Des guirlandes de fleurs pendent du haut des frontons où des corbeilles sont remplies de ces mêmes fleurs. Elles s’unissent à des guirlandes faites de sculpture que des enfants tout de relief attachent de part et d’autre de ces avant-corps autour des vingt-quatre trophées, dont l’entablement est chargé le long des deux grandes faces ; et comme ces avant-corps ont leurs frontons brisés en manière de rouleaux, il y a au milieu de chaque fronton une tête de faune ou de satyre et sur chaque rouleau un enfant couché peint au naturel. Enfin tous ces ornements disposés en face les uns des autres sont séparés à droite et à gauche par les sept grands tableaux et s’unissent aux six petits tableaux qui restent à distinguer sous la clef de la voûte. Ceux-ci coupés à pans en forme d’oc- / p. 164 / togone ont un fond d’or, des figures et des inscriptions d’azur, et des bordures dorées enrichies de sculpture de même que les grands. Aux deux bouts du berceau l’on voit sous la clef deux de ces bordures octogones plus longues que larges peintes de couleur d’or. Elles ne sont point du nombre de celles dont on a parlé, et les figures qui s’y rencontrent sont comme jointes à celles des deux grands sujets de peintures dont tout le haut des plus petites faces de la galerie est embelli.
Il est facile à présent de marquer la situation et l’étendue des grands tableaux. Ils ont tous la même largeur que celui que nous avons entièrement décrit ; les deux plus proches des extrémités de la voûte occupent sur cette largeur toute l’étendue du berceau, et sont terminés par des demi-cercles soutenus de part et d’autre sur la corniche. Et là des cartouches en forme de trophées accompagnés d’enfants, de sphinx et de griffons contiennent l’explication des sujets de peinture. À l’égard des quatre derniers tableaux qui sont entre ceux-ci et celui du milieu, / p. 165 / ils n’ont que la moitié de sa grandeur. Ils sont arrondis par le haut vers la clef de la voûte, et séparés par de gros cordons dorés, ornés de feuilles qui règnent entre deux le long de la clef avec divers trophées d’armes peints de couleur d’or, et qui vont vers les octogones les plus proches se joindre à quatre petites bordures rondes remplies chacune de la devise du roi.
Qui peut exprimer la variété et la beauté de tant d’ouvrages excellents ? Mais quel discours suffirait seulement pour donner une connaissance exacte des compositions de peinture renfermées tant dans les grands tableaux que dans les octogones et dans les ovales. Les sujets que ces peintures représentent sont tous distingués par des inscriptions qui les accompagnent. Les voici suivant l’ordre des années qui y sont marquées. On lit :
1.
Dans l’ovale à l’orient vers le midi, proche du grand tableau du milieu.
L’ORDRE RÉTABLI DANS LES FINANCES, 1662.
/ p. 166 /
2.
À l’octogone du bout vers le septentrion.
SOULAGEMENT DU PEUPLE PENDANT LA FAMINE, 1662.
3.
À l’octogone vers le midi.
ACQUISITION DE DUNKERQUE, 1662.
4.
Dans l’ovale à l’occident vers le septentrion.
LA PRÉÉMINENCE DE LA FRANCE RECONNUE PAR L’ESPAGNE, 1662.
5.
Dans l’ovale à l’occident vers le septentrion, proche du grand tableau du milieu.
RÉTABLISSEMENT DE LA NAVIGATION, 1663.
6.
Dans l’ovale en face de celle du premier sujet.
PROTECTION ACCORDÉE AUX BEAUX-ARTS, 1663.
/ p. 167 /
7.
Dans l’ovale du bout à l’orient vers le midi.
RENOUVELLEMENT D’ALLIANCE AVEC LES SUISSES, 1663.
8.
Dans l’ovale du bout de l’occident vers le septentrion.
RÉPARATION DE L’ATTENTAT DES CORSES, 1664.
9.
Dans l’ovale en face de celle du quatrième sujet.
DÉFAITE DES TURCS EN HONGRIE PAR LES TROUPES DU ROI, 1664.
10.
À l’octogone du bout vers le midi.
LA POLICE ET LA SÛRETÉ RÉTABLIES DANS PARIS, 1665.
11.
Dans l’ovale en face de celle du huitième sujet.
LA HOLLANDE SECOURUE CONTRE L’ÉVÊQUE DE MUNSTER, 1665.
/ p. 168 /
12.
À l’octogone vers le septentrion, proche du grand tableau du milieu.
GUERRE CONTRE L’ESPAGNE POUR LES DROITS DE LA REINE, 1667.
13.
Dans l’ovale en face de celle du cinquième sujet.
RÉFORMATION DE LA JUSTICE, 1667.
14.
À l’octogone vers le midi, proche du grand tableau du milieu.
PAIX FAITE À AIX-LA-CHAPELLE, 1668.
15.
Le grand tableau à l’occident vers le midi, proche de celui du milieu a rapport à cette inscription.
RÉSOLUTION PRISE DE CHÂTIER LES HOLLANDAIS, 1671.
16.
Le grand tableau à l’occident vers le septentrion est ainsi expliqué.
LE ROI ARME SUR MER ET SUR TERRE, 1672.
/ p. 169 /
17.
Le grand tableau en face du précédent a l’inscription suivante.
LE ROI DONNE SES ORDRES POUR ATTAQUER EN MÊME TEMPS QUATRE DES PLUS FORTES PLACES DE LA HOLLANDE, 1672.
18.
Deux des grands sujets peints au haut des faces des extrémités de la galerie, celui vers le septentrion a cette explication.
LIGUE DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ESPAGNE AVEC LA HOLLANDE, 1672.
19.
Le grand tableau du bout vers le septentrion contient deux autres sujets, l’un à l’orient énoncé dans l’inscription que voici.
PASSAGE DU RHIN EN PRÉSENCE DES ENNEMIS, 1672.
20.
Et l’autre à l’occident exprimé par ces mots.
PRISE DE MASTRICHT EN TREIZE JOURS, 1673.
/ p. 170 /
21.
Le grand tableau en face de celui du seizième sujet est ainsi expliqué.
LA FRANCHE-COMTÉ CONQUISE POUR LA SECONDE FOIS, 1674.
22.
Dans l’ovale à l’orient vers le midi on lit.
ÉTABLISSEMENT DE L’HÔTEL ROYAL DES INVALIDES, 1674.
23.
Le grand tableau du bout vers le midi contenant deux sujets, l’un à l’orient a cette inscription.
PRISE DE LA VILLE ET CITADELLE DE GAND EN SIX JOURS, 1678.
24.
Et l’autre sujet à l’occident représente.
LES MESURES DES ESPAGNOLS ROMPUES PAR LA PRISE DE GAND.
25.
Le grand sujet peint au haut de la face de l’extrémité de la galerie vers le midi est conforme au sens de ces paroles.
/ p. 171 / LA HOLLANDE ACCEPTE LA PAIX ET SE DÉTACHE DE L’ALLIANCE DE L’ESPAGNE, 1678.
26.
À l’octogone vers le septentrion, on voit.
LA FUREUR DES DUEL ARRÊTÉE.
27.
Dans l’ovale en face de celle du septième sujet, on a représenté.
LA JONCTION DES MERS.
28.
Enfin à l’ovale vis-à-vis celle du deuxième sujet, on lit.
AMBASSADES ENVOYÉES DES EXTRÉMITÉS DE LA TERRE.
L’on juge assez par le nombre de ces tableaux et par la grandeur des sujets qu’on y a représentés qu’il faudrait employer un volume particulier pour en faire une description exacte. C’est pourquoi après ce qui a été dit du principal tableau de cette galerie, par lequel on peut juger de la beauté des autres, je me / p. 172 / contenterai de faire connaître en peu de mots ce que le même peintre qui les a faits a encore représenté avec le même art et le même savoir au haut des deux salons.
Les salons
Dans la coupe du salon de la Guerre proche de l’appartement du roi, l’on a peint la France portée par des nuages. Elle a un casque sur la tête. Sa robe couverte d’un corps de cuirasse est de couleur de pourpre, et son manteau est bleu semé de fleurs de lys d’or. Elle porte un bouclier où le portrait du roi est peint avec une couronne de laurier autour du front. Et de l’autre main elle lance un foudre. Deux figures de femmes peintes avec des ailes au dos et en des attitudes toutes différentes qui marquent beaucoup d’action et de mouvement sont autour de la France. Les unes portent des étendards, et d’autres dépouilles des ennemis avec les écussons et les armes de plusieurs villes conquises. D’autres ont des palmes et des couronnes ; et quelques-unes tiennent en leurs mains des tableaux où l’on a représenté les Allemands chassés au-delà du Rhin, ainsi qu’il est expri- / p. 173 / mé par les inscriptions qu’on y lit. Bellone en fureur sur son char tiré par deux chevaux est peinte sous la coupe du salon du côté des appartements. Elle renverse tout ce qui s’oppose à son passage et répand le feu et l’horreur de toutes parts. Et dans les trois côtés de la voûte du même salon il y a trois figures de femmes épouvantées. Elles désignent les puissances qui se sont si souvent et si vainement liguées ensemble contre la France, que la valeur du roi a toujours rendue victorieuse de ses ennemis.
Dans l’autre salon vers l’appartement de la reine appelé le salon de la Paix, la France est peinte assise dans un char d’argent sur un globe d’azur. Elle a les cheveux blonds, une couronne royale est sur sa tête. D’une main elle tient le sceptre, et de l’autre main elle s’appuie sur son bouclier chargé de trois fleurs de lys d’or. La Paix qui semble partir aux ordres de la France tient un caducée. Quatre tourterelles attelées à son char sont conduites par des amours. Elles ont des médailles où d’un côté les armes de France et celles de Bavière / p. 174 / désignent le mariage de Monseigneur et de Madame la Dauphine, et de l’autre côté les armes d’Espagne et celles de Monsieur Frère unique du roi marquent le mariage de Charles II roi d’Espagne avec Mademoiselle. Des festons et des guirlandes ornent le char, et des fleurs sont semées sur des nuages où le char est porté. Entre plusieurs enfants, il y en a un qui tient un flambeau allumé pour figurer l’Hymen. Trois femmes couronnées de fleurs lui mettent une couronne aussi de fleurs sur la tête, et un amour qui vole au-dessus de l’Hymen semble lui amener deux tourterelles qui par des armes marquent le mariage du duc de Savoie avec Mademoiselle de Valois sœur de la reine d’Espagne. Diverses autres figures représentent dans la même coupe l’immortalité, la religion, la piété, l’innocence, la concorde, l’abondance et la félicité des peuples.
Plus bas sur la corniche au-dessus des fenêtres vers le midi, l’Allemagne appuyée sur un globe qui désigne l’Empire est exprimée par une femme vêtue de pourpre avec un corps de cuirasse et un grand manteau de drap / p. 175 / d’or. Elle reçoit une branche d’olivier en signe de paix, et en même temps une branche de laurier pour les victoires qu’elle a remportées sur les infidèles dont elle fait offrir par ses peuples les dépouilles à la religion.
L’Espagne est figurée vis-à-vis, au-dessus de l’entrée de la galerie. Elle a les cheveux noirs, une couronne royale sur la tête, et un vêtement brodé d’or enrichi de diamants et de perles. Pour la Hollande peinte du côté de l’occident vis-à-vis l’appartement de la reine, elle est vêtue d’une robe de drap d’argent et d’un manteau de drap d’or à fleurs bleues, et elle a une couronne ducale. L’une et l’autre reçoivent chacune un rameau d’olivier qui leur est présenté par des amours ; et les peuples autour d’elles marquent leur joie, les uns par des feux et les autres en quittant les armes pour reprendre leurs occupations ordinaires dans le commerce.
Auteur : Nicolas Milovanovic
© Coproduction RMN – EPV, 2008