Description de la galerie de Versailles
/ p. 6 / Les lieux qui sont ornés pour les divertissements que ce grand monarque donne trois fois la semaine commencent par le bout de la galerie de Versailles, qui n’est pas encore découvert, parce que la peinture, et les ornements qui la doivent accompagner, ne sont pas achevés. Vingt-six lustres de cristal et seize chandeliers d’argent portés par des guéridons dorés éclairent cet endroit. On y voit un billard accompagné de vingt-quatre / p. 7 / formes de velours vert à franges d’or. On passe ensuite dans le bout de la galerie qui est découvert, parce qu’il est achevé. Ce qui s’en voit fait assez juger quel sera ce merveilleux ouvrage, où M. Le Brun peint dans la voûte l’Histoire du roi. Il a représenté dans le morceau découvert la Hollande éperdue, qui oppose en vain ses digues, ses fleuves, ses remparts et ses rivières, à la rapidité de ce conquérant que rien ne peut arrêter. Il paraît dans un char conduit / p. 8 / par Minerve et accompagné de la Gloire. Mars et la Victoire le suivent, et la Terreur et la Renommée marchent devant lui. Je ne décrirai ici ni la beauté de la peinture, ni la force de la correction du dessin, ni la vérité des expressions. La plume ne saurait donner cet air majestueux et intrépide que ce grand peintre a su conserver dans l’action du roi, ni représenter avec assez de force la frayeur de la Hollande et la terreur des peuples vaincus et renversés / p. 9 / au premier choc. Des termes et des trophées peints soutiennent la voûte. D’autres trophées en relief, et dorés, sont sur la corniche, qui est dorée, aussi bien que la frise et l’architrave. Les chapiteaux et les bases sont de bronze doré, et tous les pilastres sont d’un marbre choisi, aussi bien que le reste de l’architecture. Des glaces font de fausses fenêtres vis-à-vis des véritables, et multiplient un million de fois cette Galerie, qui paraît n’avoir point de fin, quoiqu’il / p. 10 / n’y ait qu’un bout qu’on en voit. Huit brancards d’argent portant des girandoles sont entre quatre caisses d’orangers d’argent, portés sur des bases de même métal, et garnissent l’entre-deux des fenêtres ; et huit vases d’argent accompagnent les brancards qui sont aux côtés des portes. Quatre torchères dorées portent dans les angles de grands chandeliers d’argent. Huit girandoles d’argent sont sur des guéridons dorés, posés au milieu des fenêtres de glace. Aux / p. 11 / deux bouts pendent deux grands lustres d’argent à huit branches. Les tabourets sont de velours vert entouré d’une bande de brocart d’or, avec une frange de même. Le salon qui suit la galerie est de marbre enrichi de trophées en relief doré. Le roi à cheval, grand comme le naturel, est en relief sur la cheminée. Ses ennemis sont renversés sous les pieds de son cheval, et la Victoire, la Valeur et la Renommée l’accompagnent. Dans la fermeture de / p. 12 / la cheminée, on voit l’Histoire, qui est tout entière appliquée à décrire tant de grands événements. Huit grands brancards d’argent portent des chandeliers de deux pieds. Deux vases de même hauteur accompagnent chaque brancard et garnissent les entre-deux des fenêtres et des portes. On voit dans les angles des vases d’argent posés sur quatre guéridons or et azur. Un grand chandelier d’argent à huit branches pend au milieu de ce salon, et au-des- / p. 13 / sous, il y a un foyer d’argent de deux pieds de haut sur trois et demi de diamètre.
Auteur : Nicolas Milovanovic
© Coproduction RMN – EPV, 2008